Linux dans les écoles : oui mais...

Publié le 10 janvier 2023

Réussir le passage à Linux d’une école nécessite de prendre un certain nombre de précautions.

Dans l’établissement, il faut absolument vérifier :

  • que les systèmes d’impression (imprimantes, copieurs, etc.) fonctionneront correctement, avec des pilotes en français ;
  • que les logiciels pédagogiques (coucou les éditions Retz) tourneront sur la distribution envisagée. Souvent, ils ont été achetés par les enseignant·e·s avec leurs propres deniers (ou avec le « sou des écoles ») et sont généralement conçus pour Windows ;
  • que l’ensemble des logiciels de gestion de l’établissement seront utilisables ;
  • que le matériel (scanners, vidéoprojecteurs, tableau interactif...) sera correctement pris en charge ;
  • qu’un plan de formation à destination des personnels (de la collectivité ou de l’éducation nationale) est possible.

Au sein de la collectivité en charge de l’informatique, il faut penser à :

  • s’assurer que le service informatique sera en capacité de maintenir et gérer le parc de machines à distance ;
  • former les équipes qui seront chargées du support téléphonique ou sur site.

Pour toutes ces raisons, et parce qu’un projet de passage à Linux va bien au delà d’une simple installation, il est sage :

  • de faire un travail poussé de choix de la distribution et de vérifier :
    • qu’elle s’intègre parfaitement dans le système d’information tel qu’il est, et dans un environnement hybride (avec des postes sous Windows et d’autres sous Linux) ;
    • qu’elle est vécue comme une « amélioration » pour les utilisateurs·trices. Parce que le PC tourne plus rapidement, que l’interface est plus belle, que les recherches sont plus rapides, que de nouvelles fonctionnalités sont disponibles...
  • de ne pas commencer par les écoles : commencer par une migration au sein de la collectivité permet une montée en compétence du service dans un environnement familier, avec des utilisateurs·trices qui se trouvent à proximité et dont les besoins sont bien connus ;
  • de prendre son temps : adapter la vitesse de déploiement aux difficultés rencontrées (résistance au changement, compatibilité avec les logiciels métier, avec les matériels utilisées -systèmes d’impression, TPE, etc.-) ;
  • de passer par une expérimentation d’au moins un an dans un seul établissement ;
  • de choisir l’établissement pilote sur la base du volontariat pour réduire, dans un premier temps, la résistance au changement et faire tomber un certain nombre de freins ;
  • de faire un bilan de l’expérimentation avant de passer à un déploiement plus global.

La prise en compte (indispensable, à mon sens) de ces éléments rend difficile la réalisation d’un tel projet par un prestataire : le calendrier doit pouvoir être adapté aux circonstances rencontrées et il n’est pas simple de négocier cela dans un cadre contractuel. La variété des parties prenantes et des sites à intégrer dans le projet complexifie également la mise en œuvre dans le temps. Enfin, une bonne connaissance de l’environnement global (établissements et collectivité porteuse) est indispensable au bon déroulement.

Nota : Microsoft ne déploie pas de version « pour les scolaires » et ce n’est pas un hasard. Les versions utilisées dans les établissements scolaires sont les mêmes que celles qui sont utilisées dans les foyers. En procédant de la sorte, les élèves sont habitué·e·s, dès l’enfance, à un environnement bureautique qui leur deviendra familier. Si la promotion et la diffusion de solutions libres est bien l’objectif, proposer une solution « adaptée aux scolaires » pourrait bien être contre-productif.

Note (2) : passer des postes sous Linux pour des raisons économiques, « pour leur donner une seconde vie », peut sembler intéressant de prime abord. Attention, toutefois, de ne pas inscrire dans les esprits que Linux est « la solution du pauvre » quand la collectivité qui a la responsabilité de l’entretien et du renouvellement du parc informatique n’est pas la hauteur...

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