Il n’est pas rare que les DSI se plaignent d’augmentations significatives des coûts de licences et des abonnements, sans réaliser que nous sommes victimes d’un système. Tout, dans le marketing autour des outils informatiques et dans les choix stratégiques nationaux, incite à une augmentation de la dépendance vis-à-vis des fournisseurs : doctrine « cloud au centre », applications qui, du jour au lendemain, ne sont plus accessibles qu’en mode Software as a Service (SaaS), licences qui ne sont plus disponibles que sous forme d’abonnement…

Les collectivités locales sont en difficulté. La cause ? Des recettes en chute libre :

  • non-augmentation des impôts (devenue un incontournable des politiques de tout bord) ;
  • nouvelles compétences transférées aux collectivités sans compensation suffisante ;
  • baisse des dotations et des subventions reçues ;
  • financements de plus en plus partiels des projets.

Contraintes de présenter des budgets à l’équilibre, elles doivent baisser leur niveau de dépense dans les mêmes proportion… et donc le niveau de service public qu’elles proposent.

Et c’est dans ce contexte que s’impose, dans les esprits, un système de dépendance et d’augmentation non négociable des coûts. Un service informatique qui, aujourd’hui, fait le choix de O365 et de WMWare, du « tout Cloud » et d’applications en mode SaaS, met en danger sa stabilité budgétaire, et donc celle de sa collectivité. Belle injonction contradictoire.

Comment mettre en œuvre une véritable transformation numérique, gérer un périmètre qui augmente inéxorablement (puisque, de plus en plus, tout est « connecté ») dans un contexte financier de plus en plus contraint ?

En attendant une hypothétique prise de conscience des acteurs, nous sommes contraints de travailler l’autonomie de nos systèmes. Un choix qui ne va pas de soi, tant il s’oppose au discours dominant et à la formation reçue par celles et ceux qui sont en responsabilité. À Échirolles, le choix des logiciels libres s’inscrit dans cet effort et nous permet de maintenir le cap. Et le changement ne concerne pas que les aspects financiers.

Une plus grande efficacité

En étant autonome, la DSI est capable de prendre rapidement des décisions stratégiques et opérationnelles sans avoir besoin de passer par un processus de validation long et complexe auprès d’autres services ou directions. Elle peut ainsi explorer de nouvelles technologies et solutions innovantes qui contribuent à améliorer les processus internes et externes de la collectivité.

L’autonomie de la DSI facilite également, grace à l’utilisation de protocoles standard et interopérables, l’intégration et la coordination des divers systèmes informatiques. Ceci inclut non seulement les logiciels et matériels propriétaires mais également les plateformes cloud tierces, les outils open-source et autres technologies connexes. La bonne intégration de ces composants assure une expérience utilisateur plus fluide et plus homogène.

Elle dispose des moyens nécessaires pour adopter une posture proactive en termes de surveillance et d’optimisation des performances informatiques, anticipant ainsi les dysfonctionnements potentiels et minimisant les temps d’arrêt involontaires.

Dans un monde dominé par les données et l’automatisation, l’autonomie de la DSI permet à l’entreprise de tirer pleinement parti des opportunités offertes par la transformation numérique. La mise en oeuvre de l’IA, de l’IoT, de l’analytique avancée et d’autres technologies innovantes devient alors plus accessible, sans mettre en danger la souveraineté de la structure, ni les données des administrés.

Une meilleure qualité de service

Une DSI autonome se donne les moyens de comprendre les besoins spécifiques de chaque direction et service. En conséquence, elle peut fournir des solutions informatiques adaptées, alignées sur les véritables besoins.

Elle est généralement bien positionnée pour standardiser et simplifier ses architectures informatiques grâce à sa capacité à prendre des décisions rapides et indépendantes concernant les choix technologiques. Ces efforts de normalisation peuvent conduire à une diminution des coûts et à une augmentation de l’efficacité. Perçue comme un partenaire des autres directions plutôt qu’un simple prestataire de services, elle devient un pivot important de tout projet en transversalité.

Une meilleure gestion des risques

Gagner en autonomie, c’est être en mesure de mettre en place des politiques de sécurité et de gouvernance plus efficaces pour protéger les actifs numériques de la collectivité contre les menaces extérieures telles que les cyberattaques.

C’est aussi être mieux placé pour faire face aux perturbations imprévues et les crises majeures. Avec une grande autonomie, la DSI peut rapidement adapter les systèmes informatiques pour soutenir les nouveaux modèles de travail hybrides ou virtuels, garantissant ainsi la continuité des activités de la collectivité. Un travail sur la résilience du SI peut être mené, sans être impacté par l’éventuelle indisponibilité d’un prestataire.

Des coûts contrôlés

Une DSI autonome dispose d’une meilleure maîtrise de ses dépenses informatiques, ce qui lui permet de mieux planifier et gérer son budget. Elle peut ainsi optimiser les investissements et, libérée des coûts fixes de licences et d’abonnements, investir dans la formation, l’assistance au déploiement ou la mise en oeuvre de projets lourds et consommateurs en temps.

Elle finance de l’humain, fait plus souvent appel à des partenaires proches et participe à l’animation de l’écosystème local plutôt que d’investir à fonds perdus dans des groupes internationaux dont on connaît la propension à échapper à l’impôt, et donc au financement des services publics.

Une équipe de qualité

Une DSI autonome peut offrir un environnement de travail stimulant et créatif où les professionnels de l’informatique ont la liberté de tester de nouvelles idées et de résoudre des problèmes complexes.

Elle a la capacité de proposer un cadre de travail attractif et dynamique et, parce qu’elle facilite la transition vers des solutions informatiques durables, respectueuses de l’environnement et conformes aux normes éthiques et légales en vigueur, elle est davantage susceptible d’attirer et de retenir, en travaillant avec la Direction des Ressources Humaines, les profils IT les plus talentueux et motivés.

Une cooperation facilitée

Les licences open source encouragent intrinsèquement l’implémentation de formats de données et protocoles standards, facilitant ainsi l’interconnexion et la cohabitation entre divers systèmes d’information hétérogènes. Cette aptitude à dialoguer nativement avec des environnements variés favorise la mutualisation des ressources en supprimant artificiellement les barrières historiquement induites par les logiques propriétaires.

Les logiciels libres sont conçus selon une architecture modulaire, articulée autour de blocs fonctionnels relativement indépendants. Cette granularité volontairement accentuée autorise des combinaisons quasi illimitées, permettant ainsi de composer des chaînes de valeur ajoutée originales et contextualisées. En somme, l’open source fluidifie la mutualisation en élargissant le champ des possibles et en simplifiant l’agrégation des expertises complémentaires.

Loin d’être synonyme d’enfermement, le travail sur l’autonomie et l’utilisation des logiciels libres favorise, par les possibilités de fédération qu’il offre, la coopération entre collectivités.


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