Je viens de traduire un article de Ploum qui rejoint ce que je vis, de regarder une vidéo puis de lire un article d’Henri Lœvenbruck, et je me suis dit qu’il était temps.

Comme eux, j’ai vécu des années de dissonante cognitive permanente. Au nom de la facilité, de la simplicité et de la gratuité, les grandes sociétés technologiques pillent ce que nous disons, ce que nous aimons, que que nous faisons… ce que nous sommes. C’est devenu inacceptable pour moi, je n’en peux plus. Je ne veux pas d’un monde qui repose sur ce système.

J’ai découvert Internet avant le Web. À l’époque, je passais énormément de temps sur un réseau (décentralisé) de discussion en ligne appelé IRC. J’ai fini par m’y investir en tant qu’opérateur, puis (co-)administrateur de plusieurs serveurs. J’y ai rencontré des tas de gens intéressants, que je côtoie toujours 30 sans plus tard. C’était en 1993 et cela illustre à quel point, dans mon esprit, Internet et lien social sont intimement liés.

Autant dire que, bien des années plus tard, quand les réseaux sociaux sont nés, je me suis précipité. J’ai traîné sur Orkut, sur Second Life et puis, comme beaucoup, j’ai échoué sur Facebook et sur Twitter, et j’y suis resté. Les jeunes ont déserté Facebook, devenu infréquentable quand nous, parents, avons débarqué (et qu’est-ce que je les comprends). Le réseau est devenu ennuyeux, pénible, je n’y mets plus que rarement les pieds. Twitter, lieu de toutes les influences, de toutes les batailles idéologiques, a été envahi par la publicité, les commentaires oiseux et les informations qui n’en sont pas. Le lien social est devenu secondaire, voire inexistant. Un cloaque.

Aujourd’hui, je sais qu’un autre réseau existe, qui ne souffre pas de ces maux. Il a toujours existé, d’ailleurs. Il y a toujours eu des alternatives auxquelles je me suis toujours intéressé. Aujourd’hui, sur Mastodon, le nombre et la qualité des échanges étanchent sans problème ma soif de débattre, d’apprendre et de partager. Un peu comme si l’Internet que j’ai connu à ses/mes débuts avait évolué dans ses outils mais pas dans sa mentalité.

Henri Lœvenbruck, dans l’entretien que je viens de regarder, fait le parallèle entre quitter Twitter et arrêter de fumer. C’est simple, dit-il, pour arrêter il suffit d’arrêter. Il n’a pas tort. Et donc je ferme tous ces comptes aujourd’hui. Mais le manque, bordel, le manque, le symptôme ultime qu’on est vraiment accro et qu’il faut se sortir de là. Pour la clope, j’ai résolu la question avec la cigarette électronique. Pour Facebook, pas de souci, je n’y vais quasiment plus depuis des années.

Pour Twitter, il y a Mastodon. J’y suis, et j’y suis bien.
Et donc hop, je m’enfuis.

Ajout du 29 octobre 2023 : Ploum,cité en début d’article, a fait de même et s’en explique sur son blog.


Catégories : Pensées furtives